De Mérens à Banyuls sur le GR10
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[extrait du livre Les Pyrénées tout en marchant sur le GR10]
Panissars, entre Las Illas et le Col d’Ullat
A Panissars, je quitte la Traversée des Pyrénées, pour monter jusqu’à la borne frontière n°567. La crête de la colline à Panissars est un étonnant monument à la mémoire du passage du temps et des gens.

Les subéraies (forêts de chêne-liège) affectionnent la côte méditerranéenne
C’est ici que Pompée, le général romain, décida de commémorer la (re-)prise de 876 villages espagnols au Ier siècle avant J.C. en érigeant un monument. Connu comme « Le Trophée de Pompée » et mentionné par les auteurs classiques, seules les fondations subsistent à présent. Mais le vestige du passé le plus impressionnant n’est ni le prieuré, ni le monument. Ce sont les sillons creusés dans l’épaisse roche par le passage de milliers de roues de charrette en bois, des siècles durant.

Vestiges romains à Panissars à côté du Pertus à cheval entre la France et l’Espagne
A présent, je vois des charrettes chargées de pierres qui roulent au pas en gravissant la colline, les bœufs réticents soufflant sous l’effort. Des maçons taillent des blocs de pierre et les plus talentueux gravent les centaines de noms qui figureront sur les côtés du monument. Des soldats romains, positionnés au point de contrôle entre les deux provinces, jettent un œil indifférent à tout ça, ils s’ennuient. Leurs pensées sont tournées vers les plaisirs potentiels de Narbo Martius, la capitale de la Gaule du sud, à LX milles d’ici. Des commerçants bien habillés, à cheval, font certifier qu’ils ont bien réglé tous les frais nécessaires avant de s’élancer vers la plaine au petit galop, destination Tarraco. Pour l’instant il n’y a pas de sillon à la surface de la roche. Narbonne et Tarragone n’en sont qu’à leurs balbutiements.
Footprints on the mountains