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Dans les coulisses du (future) Parlement de la Montagne

jeudi, novembre 30th, 2017
Une partie de l’assistance au réunion de concertation sur le Parlement de la Montagne à Quillan (Aude)

Une partie de l’assistance au réunion de concertation sur le Parlement de la Montagne à Quillan (Aude)

 

J’étais à Quillan cette semaine pour la dernière « concertation » avant la création du Parlement de la Montagne. Il ne restait qu’à mettre les points sur les i.

Il s’agit de donner une voix aux acteurs – qu’ils soient institutionnels ou simples habitants – dans les zones montagneuses de la région Occitanie. Selon Carole Delga, la présidente : « Le but est d’avoir un lieu d’échanges et de propositions, pour que les politiques régionales soient adaptés aux besoins de chacun. »

Et le poids de la montagne n’est pas insignifiant :

  • 55% de la superficie régionale
  • 20% de la population soit 1,13 million d’habitants
  • 47% des communes, soit 2153 au total

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Une nouvelle façon de marcher dans les Pyrénées: Le Sentier de Camille

dimanche, août 20th, 2017
Lescun avec le Pic d'Ansabère au fond

Lescun avec le Pic d’Ansabère au fond

 

Est-ce que vous préférez aller directement au but ou tourner en rond ? Quoique la première option ait ses avantages, tourner en rond peut aussi avoir des atouts.

Jusqu’à récemment, la plupart des sentiers de Grande Randonnée dans les Pyrénées encourageait nous les marcheurs à aller directement au but, la Méditerranée. En tout cas, cela est le but de la Traversée des Pyrénées (GR10), la Senda Pirenaica (GR11 espagnol) et la Haute Randonnée Pyrénéenne qui existent depuis plus de trente ans déjà. On peut y rajouter le Sentier Cathare,  le Chemin des Bonshommes (GR107)  entre autres nés récemment. Tous allant de A à B.

Mais si vous vouliez tourner en rond, ou plutôt faire une boucle pour finir à votre point de départ il fallait se débrouiller seul. Ces dernières années cela a commencé à changer. Il faut signaler le topo-guide de la FFRP de boucles qui traversent la frontière entre l’Ariège et la Catalogne. Mais peut-être les initiatives les plus intéressantes sont celles de nos voisins d’outre-Pyrénées.

Ces randonnées de montagne sont toutes des boucles avec nuitées en refuge gardé. En plus, le central de réservations organise tout. Il y a des cartes 1:25.000 et un teeshirt souvenir.

Je reviens du Sentier de Camille que j’ai fait avec deux copines du Club Rando-Montagne de la MJC de Lézignan-Corbières. On s’est bien amusés.

 

Mon sentier de Camille sur Wikiloc (trace GPS)

Mon sentier de Camille. Cliquer pour voir sur Wikiloc

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Les Pyrénées du 21eme siècle (iii) : de la glace et du feu

lundi, mars 14th, 2016

Les Pyrénées ne sont pas figées dans le temps tel une vieille carte postale. Voici un troisième article sur les nouvelles Pyrénées.

 

Rhododendrons et genêt dans la vallée de la Grava sur le GR10

Rhododendrons et genêts dans la vallée de la Grava sur le GR10

 

En plus des réintroductions, ce siècle verra d’énormes changements dans la nature. Le piedmont se referme avec les pâturages délaissés envahis par des rhododendrons, des genêts et des arbustes. Ils auront beau avoir une jolie mine ; c’est toutefois le début de la décadence. Plus haut la pourriture est aussi visible. (suite…)

Les Pyrénées du 21eme siècle (ii) : chemins de traverse

mardi, février 23rd, 2016
Romedo de Dalt sur le chemin des Montagnes de Liberté

Romedo de Dalt sur le nouveau chemin des Montagnes de Liberté

 

Vues de loin, les Pyrénées sortent du temps, un archétype de chaine de montagnes. Mais je me rends compte combien mon monologue intérieur est bourré de clichés romantiques. C’est pourquoi je veux écrire sur l’actualité du 21eme siècle. Voici le deuxième volet.

Mis à part l’arrivée de la LGV (2013) et de la THT (ligne de haute tension – 2015), heureusement souterraines toutes les deux, quelles sont les autres nouvelles ?

Le Chemin de Saint Jacques de Compostelle

Église à Roncevaux

Église à Roncevaux

Il n’est plus simplement une longe randonnée ; depuis l’an 2000 le Chemin est devenu un phénomène de société. Le nombre de randonneurs traversant les Pyrénées a plus que quintuplé. Cette étape, entre St-Jean-Pied-de-Port et Roncevaux, est réputée être l’une des plus dures de ce GR. Malgré cela, déjà en 1999 9.318 randonneurs passaient par l’office français du Chemin pour faire composter leur credencial avant d’entamer la montée. Quinze ans plus tard ils étaient 53.972. [statistiques] Si ce chiffre ne vous surprend pas, considérez ceci : en 1978 seulement 13 pèlerins [statistiques] sont arrivés à la cathédrale de Santiago. A St-Jean-Pied-de-Port on ne comptait même pas.

Pourquoi cette augmentation, j’ai demandé au responsable du bureau ? Ce n’est pas un regain de la foi, me dit-il. Elle s’explique partiellement par l’inscription du Chemin sur la liste du Patrimoine Mondiale (1993), mais aussi par la RTT (2000) et puis par un effet de boule de neige : plus de randonneurs égalent plus de refuges, égalent journées plus courtes, et encore plus de randonneurs.

La Retirada

En mémoire des centaines de milliers de Républicains espagnoles qui préféraient vivre en exile à se soumettre au fascisme. Plaque installé au Vajol par la Fondation Negrín, 1 février 2010

En mémoire des centaines de milliers de Républicains espagnoles qui préféraient vivre en exile plutôt que se soumettre au fascisme. Plaque installé au Vajol par la Fondation Negrín, 1 février 2010

La retraite, 1939. Pendant soixante ans on parlait très peu de ce désastre humain, mais depuis vingt ans il est entré dans le canon sacré d’histoires qui définit la montagne, surtout pour les catalans.

Un demi-million de réfugiés traversaient les Pyrénées. Mais pourquoi l’évènement a-t-il été caché ? Parce que Franco, au pouvoir jusqu’en 1975, évitait d’attirer l’attention. Puis, sous les gouvernements de transition successifs, le « Pacte de l’oubli » censé éviter des récriminations, l’a enterrée. Ainsi, seulement quand les participants commençaient à mourir, est-il que leurs petits-enfants commençaient à déterrer ces mémoires longtemps refoulées.

Musée d’Exile à la Jonquera (Catalogne)

Musée d’Exil à la Jonquera (Catalogne)

De nombreuses plaques en souvenir de la Retirada ornent les villages frontaliers. Des chemins de grandes randonnée transfrontalier retracent le parcours des réfugiés. A la Jonquera, le Musée de l’Exil ouvere ses portes en 2007.

En France, les gouvernements français successifs n’ont pas été trop fiers non plus de ce qui s’est passé en 1939 : les réfugiés étaient parqués à Argelès-sur-Mer à même la plage, obligés à creuser dans le sable pour faire des abris de fortune – au mois de février. Ceux qui étaient toujours dans le coin fin 1940 furent envoyés au camp de Rivesaltes. Plus tard ce camp est devenu « le Drancy du la zone libre » pour les juifs cueillis dans les rafles.

Le Mémorial du Camp de Rivesaltes (au nord de Perpignan) a été ouvert par Manuel Valls en octobre 2015.

 

Le musée propose d’écouter enregistrements de témoins oculaires de la Retirada sur fond de photos des événements, diaporama projeté sur les murs.

Le Mémorial propose d’écouter des enregistrements de témoins de la Retirada sur fond de photos des événements, diaporama projeté sur les murs.

Maquis

En mémoire de Quique et Celes, tombés pour la liberté. La plaque a été rajoutée pour le 50eme anniversaire de leur mort, dans une embuscade près de la frontière, près d’Espolla (Catalogne).

En mémoire de Quique et Celes, tombés pour la liberté. La plaque a été rajoutée pour le 50eme anniversaire de leur mort, dans une embuscade près de la frontière, près d’Espolla (Catalogne).

Ces vingt dernières années les maquisards espagnols ont été réhabilités. La Loi sur la Mémoire Historique, adoptée en 2007, érigeait un cadre administratif pour un processus déjà en développement. Dénigrés comme des voleurs de droit commun ou des bandits par la gendarmerie outre-Pyrénées, et peu connus hors d’Espagne, ils continuaient à harceler le régime franquiste bien après la fin de la guerre civile ; le dernier fut tué à Barcelone en 1965. Ils se planquaient souvent en France, traversant la frontière par la montagne.

Continua Pirineum

Le Continua Pirineum est un projet bien du 21eme siècle. Subventionné par l’Europe, il ambitionne recoudre les relations entre les communautés françaises et espagnoles, rappelant un temps quand les Pyrénées étaient moins une barrière qu’un terrain d’entente – et parfois de mésentente – entre voisins. Un exemplaire, entre tant :

Habillées en noir, arrivant en masse comme les hirondelles, ces jeunes espagnoles traversaient la crête frontalière pour aller travailler dans la manufacture d’espadrilles (entre autres). Mais contrairement aux oiseaux elles allaient au nord en automne pour revenir au printemps. A voir aussi Gérard Caubert : Etonnantes Pyrénées.

 

Hirondelles, golondrinas : le surnom donné aux jeunes espagnoles qui venaient travailler en France

Hirondelles, golondrinas : le surnom donné aux jeunes espagnoles qui venaient travailler en France

 

Parmi les projets du Continua Pirineum on trouve la réouverture de ces chemins transfrontaliers. La création de sentiers faits entre voisins sans planification est devenue un dossier sur la table d’un bureaucrate bruxellois.

Jean Ferrat aurait pu dédier ‘La Montagne’ aux hirondelles.

 

 

Ils quittent un à un le pays
Pour s’en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés…

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles
Que l’automne vient d’arriver ?

 

 

Attention danger : GPS et cartes espagnoles !

lundi, août 31st, 2015
pont d'Aulus les Bains

Carte Alpina espagnole (gauche) et carte IGN française (droite). Le décalage de la route départementale D8 (jaune) par rapport au quadrillage kilométrique est particulièrement flagrant

 

Méfiez-vous quand vous traversez la frontière pyrénéenne ! Les cartes espagnoles recèlent un piège pour le randonneur français équipé de GPS. Tout est décalé de quelques centaines de mètres !

 

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Les Montagnes de Liberté – quatre jours de randonnée dans les Pyrénées entre l’Ariège et la Catalogne

dimanche, août 23rd, 2015
Cascade-d'Ars près d'Aulus-les-Bains

Cascade-d’Ars près d’Aulus-les-Bains

 

Site officiel du circuit : « Les Montagnes de Liberté »

Cette boucle pyrénéenne recèle de la haute montagne minérale, des lacs parfaits et des paysages bucoliques, mais aussi une histoire tragique, celle des conflits du 20eme siècle et de ses réfugiés. Tout comme ceux qui traversent la Méditerranée de nos jours, beaucoup n’arrivèrent pas au bon port. Aujourd’hui on emprunte ces sentiers pour le plaisir, avec un certain pincement au cœur devant les panneaux explicatifs.

Nous l’avons fait en quatre étapes.

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Le retour des morts-vivants : le bouquetin des Pyrénées

dimanche, octobre 26th, 2014

 Ne rater pas l’exhibition sur le bouquetin tout l’été 2015 au chateau de Seix; tous les jours de 14h30 à 19h00.

 

Bouquetin des Pyrénées

Bouquetin mâle de 5 ans, fraîchement relâché dans les Pyrénées ariègeoises © Jordi Estèbe, Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises

On signale des événements étranges dans les Pyrénées centrales, dans un triangle entre Cauterets et Ustou (Ariège) et Torla (Huesca) en Espagne. Le bouquetin des Pyrénées revient d’outre-tombe.

gr10-gr11-IBEXC’est une longue histoire. Déjà en 1825 le bouquetin (bucardo en espagnol) était donné pour éteint. Mais en fait il survivrait jusqu’au 6 janvier 2000 pour devenir la première disparition mondiale du 21eme siècle. Malgré cela, en 2009 un nouveau bouquetin de Pyrénées est né et maintenant on peut compter une trentaine broutant paisiblement dans les Pyrénées françaises. C’est quoi, cette histoire ?

En ce qui concerne l’extinction, les trois cavaliers de l’apocalypse étaient la chasse, la consanguinité,  et la perte d’habitat.

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Les Pyrénées en itinérance : GR 10 français ou GR 11 espagnol ?

vendredi, septembre 5th, 2014
GR 11 : prairies fleuries au-dessus d’Estos ; au fond le massif de la Maladeta

GR 11 : prairies fleuries au-dessus d’Estos ; au fond le massif de la Maladeta

 

Je les ai traversées deux fois maintenant, les Pyrénées, de l’Atlantique à la Méditerranée. D’abord côté nord, chez nous, puis au sud. J’ai écrit un premier livre sur mes expériences sur le GR 10 (Les Pyrénées tout en marchant, chez Cairn). Et maintenant j’essaie de rassembler mes pensées sur le GR 11 ibérique. Alors, où est l’herbe la plus verte ? GR10 ou GR11?

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Le gardien invisible de Dolores Redondo

vendredi, avril 4th, 2014

Titre original en Castillan : El gardián invisible (Destino, 2013)

Le gardien invisible de Dolores Redondo

Le gardien invisible de Dolores Redondo

J’ai acheté Le gardien invisible de Dolores Redondo seulement parce que je connaissais la vallée où se situe l’histoire. La dernière fois que je me suis rendu à Elizondo, le lieu fatidique, je faisais la Senda Pirenaica, le GR11 espagnol. J’ai vécu trois mois dans un village voisin et depuis dix ans j’y vais régulièrement. Aussi c’était la mise en scène qui m’attirait plus que l’histoire. Au début.

Très vite l’action devient motrice et les pages tournent à elles seules. Je ne suis pas fana de romans policiers, mais certaines œuvres dépassent leur genre et attirent l’attention bien au-delà des confins habituels. Ce livre va en être une.

Elizondo et la vallée du Baztan

Pour commencer, Elizondo, dans le nord de la Navarre au pays basque, est une bourgade remarquable, bâtie sur la richesse des pâturages environnants. Dolores Redondo reconstruit pour nous les imposantes maisons de maître faites de pierre massive ; elle les entoure de la brume, la pluie hivernale incessante, les rivières et les bocages sans pour autant alourdir la page.

Son Elizondo – mon Elizondo – est une ville au bord de la modernité, avec un nouveau commissariat, une rocade et une zone commerciale. Mais la plupart des portes de magasin grincent avec l’âge ; à l’intérieur le passé attend toujours le coup de balai. Ici le carnaval n’est pas un triste spectacle touristique; les jeunes désœuvrés et masqués brandissent des tronçonneuses rugissantes défiant les autorités qui se gardent bien d’en mêler.

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Sur le GR11 espagnol avec Hike Pyrenees

samedi, août 3rd, 2013
Dans la vallée du rio Caldarés, au-dessus des Baños de Panticosa

Dans la vallée du rio Caldarés, au-dessus des Baños de Panticosa

Après quinze ans arpentant les Pyrénées tous les quinze jours, je pense savoir ce qui m’attend. Le 22 juin il n’y aura plus de neige en-deçà de 2800m, bien au-dessus des cols que je vais emprunter. Les glaciers seront en train de rétrécir tout en déversant des torrents d’eau sur la plaine. Je me demande si j’aurai vraiment besoin de mon pantalon long. Mais l’hiver centenaire 2012/2013 a tout chamboulé. Je finis par fourrer la doudoune, les gants, les crampons et le piolet dans mon sac déjà trop lourd.

Je me rends compte que je ne sais pas comment m’arrêter en cas de glissade sur la neige. Aussitôt je fais une recherche sur YouTube et commence à m’exercer en cachette dès que ma femme sort de la maison – histoire de ne pas l’inquiéter. D’abord j’étends une serviette duveteuse blanche sur le parquet dans la chambre, me disant que c’est de la neige. Puis je m’allonge sur le dos, la tête du piolet bien tenue dans ma main droite. Je ferme les yeux. Tout d’un coup, je commence à glisser sur une pente glacée. Je saisis l’autre bout du piolet,  plante la lame dans la serviette et bascule sur le ventre, entrainé par mon accélération. Je me lève sur les bras, enfonçant le piolet dans la serviette. En même temps je pose mes genoux sur le plancher. Les pieds et les crampons doivent rester dégagés : faut pas faire des tonneaux. Ça marche, je m’arrête instantanément.

La deuxième phase de ma préparation est moins physique : j’envoie un email à Phil de Hike Pyrenees. Je lis son blog régulièrement et je calcule que je passerai près de chez lui. J’espère qu’il pourra me donner plus d’informations sur les conditions. Il fait encore mieux. Viens nous rejoindre, répond-t-il.

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map of GR10

 
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