Nous sommes en train de parler de brebis dans les Pyrénées quand Alain Reynes, directeur de l’association Pays de l’Ours, évoque une idée plus large.
« Qu’est-ce que c’est un animal domestique ? me dit-il. L’ancêtre de la brebis c’est un mouflon asiatique. Le processus est que l’on prend un animal sauvage qui a la capacité de vivre en milieu naturel. On le transforme en animal domestique, dont on augmente la production au bénéfice de l’homme et au détriment de sa capacité de vivre en milieu naturel. D’échapper aux prédateurs, de résister aux maladies. Le contrat moral qui est passé entre l’animal et l’homme, c’est que l’homme assure à l’animal de la nourriture, des soins, de la protection et, en contrepartie, l’énergie que l’animal économise à ne pas devoir échapper aux prédateurs, à ne pas résister aux maladies et à rechercher sa nourriture – toute cette énergie-là – il va la transférer à l’homme en forme de viande, de laine, sous forme de travail. Le deal, c’est ça. Quand on a des animaux domestique, dont la nature est d’être sous la protection de l’homme et que l’on les lâche en montagne ils sont incapables de se débrouiller en montagne et évidement ils sont très vulnérables. Le fait de ne pas les protéger, c’est une rupture de contrat. »
La question qui divise les Pyrénées actuellement c’est comment les protéger des ours et des loups ? La nature de ce contrat.