Quarante vallées

Les Pyrénées des quarante vallées

Les Pyrénées des quarante vallées

Je viens de relire Les Pyrénées des quarante vallées de Pierre Minvielle. C’est comme une sorte de Google Earth littéraire des Pyrénées, alliant vue globale et zoom sur les détails.

Écologiste avant l’heure, Minvielle ausculte les montagnes avec une acuité insolente, et en trois dimensions, littéralement de fond en comble, étant à la fois spéléologue et montagnard, aussi bien versant français que versant espagnol.

Il sait bien intégrer des informations plutôt techniques sans alourdir son discours, parlant de la géologie dans le cadre d’une matinée dans une école de montagne, par exemple. En même temps il ne perd pas de vue la magie des cimes :

« Cessons un instant de considérer les Pyrénées comme des ZAC, des ZAD, des pentes skiables, voire des paysages pittoresques ; oublions ne fût-ce qu’une minute notre moderne conception de la montagne… imaginons chaque cime, chaque pente, chaque forêt, chaque rocher, chaque source, abritant un dieu, une hade, une broutche. Du coup le paysage s’anime et se métamorphose. Le pic des Encantats, géant pétrifié dont on écoutait les oracles en collant l’oreille au rocher, peut se remettre en marche à tout moment… les arbres ont des intentions ; les corneilles vaquent à des occupations précises dont dépend notre sort… le réel n’est qu’apparence. Derrière l’immobilité du paysage s’enclenche la mécanique secrète du monde, domaine exclusif de la divinité…
… aujourd’hui, tout est changé. Parce qu’au XVIIIe siècle, surgissent des hommes d’outre-monts qu’une autre foi anime, celle de la Science… Et du coup, les Pyrénées des mauvaises herbes et des bonnes odeurs se transforment en Pyrénées abstraites des livres. » (page 24)

Dans un autre passage il fait ressortir la multiplicité des Pyrénées :

« La révolution de 1848 et la chute de la monarchie en France n’empêchent pas Luchon d’attirer 6 000 étrangers cet été-là. Dans une belle unanimité à glorifier les Pyrénées et leurs habitants… Mais personne ne souffle mot de la guérilla forestière qui secoue la Barousse et le Couserans. Dans les vallées deux sociétés se côtoient mais ne se comprennent plus : celle des vacances et celle du travail. » (page 185)

Et la leçon que j’en retiens ? Pour vraiment connaître les Pyrénées il faut parcourir les deux versants. C’est une évidence bien sûr, mais peu l’ont fait. Maintenant, au GR11 !

Les Pyrénées des quarante vallées de Pierre Minvielle (Denoël, 1980)

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