Titre original en Castillan : El gardián invisible (Destino, 2013)

Le gardien invisible de Dolores Redondo
J’ai acheté Le gardien invisible de Dolores Redondo seulement parce que je connaissais la vallée où se situe l’histoire. La dernière fois que je me suis rendu à Elizondo, le lieu fatidique, je faisais la Senda Pirenaica, le GR11 espagnol. J’ai vécu trois mois dans un village voisin et depuis dix ans j’y vais régulièrement. Aussi c’était la mise en scène qui m’attirait plus que l’histoire. Au début.
Très vite l’action devient motrice et les pages tournent à elles seules. Je ne suis pas fana de romans policiers, mais certaines œuvres dépassent leur genre et attirent l’attention bien au-delà des confins habituels. Ce livre va en être une.
Elizondo et la vallée du Baztan
Pour commencer, Elizondo, dans le nord de la Navarre au pays basque, est une bourgade remarquable, bâtie sur la richesse des pâturages environnants. Dolores Redondo reconstruit pour nous les imposantes maisons de maître faites de pierre massive ; elle les entoure de la brume, la pluie hivernale incessante, les rivières et les bocages sans pour autant alourdir la page.
Son Elizondo – mon Elizondo – est une ville au bord de la modernité, avec un nouveau commissariat, une rocade et une zone commerciale. Mais la plupart des portes de magasin grincent avec l’âge ; à l’intérieur le passé attend toujours le coup de balai. Ici le carnaval n’est pas un triste spectacle touristique; les jeunes désœuvrés et masqués brandissent des tronçonneuses rugissantes défiant les autorités qui se gardent bien d’en mêler.
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