Longue Marche

Longue Marche de Bernard Ollivier

Longue Marche de Bernard Ollivier

Je suis ébloui. Je viens de lire le premier tome de Longue Marche de Bernard Ollivier. C’est le récit d’un défi hors normes, rallier Istanbul à Xi’an en Chine, 12 000 km à pied, que nous promet Bernard Ollivier. Mais, au lieu de sombrer dans l’hyperbole, il emprunte le langage simple qui convient pour une activité aussi innée que la marche. Pas de prétention donc, mais l’univers est tout sauf ordinaire. Il traverse un Kurdistan en pleine insurrection, évite de justesse d’être détroussé à trois reprises, et finit par être rapatrié, les tripes prêtes à exploser suite à une dysenterie amibienne : il a perdu onze kilos en moins de trois jours.

À travers des étapes de trente, quarante, voire plus de soixante kilomètres par jour il nous emmène dans les maisons de villages perdus.

« Le vieux quartier est constitué de minuscules boutiques. Les commerçants ont plus l’air de recevoir des amis que de traiter des clients. Sur l’établi, la table ou une chaise, le plateau chargé de verres de thé et de sucre évoquerait plutôt le salon. Deux hommes dans une échoppe suffisent à la remplir… Un ami ? Un client ? Un fournisseur ? Un parent ? Tous parlent, parlent… » (p. 93)

Quoique limités par son turque baragouiné, ses rencontres avec les paysans sont la « voix » du livre. Il nous transmet le goût du pays, un monde qui a peu bougé depuis le passage des derniers chameaux bardés de soie et parfumés d’épices, revenant de l’Orient. Rencontres détendues et joyeuses au début qui tournent au vinaigre lors de la traversée des terres PKK infestées par militaires turques et voleurs peu amènes.

S’il est compréhensif envers les personnes qu’il rencontre – même les mauvais – il n’est pas complaisant. Mais ce que je retiens surtout c’est un homme exigeant envers lui-même. Obligé des fois de se faire prendre en stop pour pouvoir dormir sous un toit, le lendemain il revient pour refaire le parcours raté à pied.

« Aller à pied, c’est s’exposer au contact. Donc à la générosité comme à la malignité. Si je tenais à mourir dans mon lit, il ne me fallait pas partir. Mais là-dessus, j’ai une idée bien arrêtée. Ceux qui veulent mourir dans leur lit et ne s’en éloignent jamais sont déjà morts. » (p. 201)

J’aurais voulu voir quelques-unes des photos dont il parle – je n’en trouve même pas sur Internet – mais pour bémol, c’est minime. C’est un récit de voyage presque parfait.

Maintenant j’attaque le Tome II : Vers Samarkand.

Bernard Ollivier : Longue Marche. Tome I : Traverser l’Anatolie. Phébus.

 

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